Histoire du village

Il était une fois... 


Jean Auguste Aimé PEYRECAVE est l’auteur d’une monographie d’Élincourt, riche d'enseignements au sujet de notre commune !
Cet ouvrage édité en 1888 fut réédité en 2006. Cette « Notice historique et archéologique sur Élincourt-Sainte-Marguerite » nous apprend, premièrement, l’ancienneté de l’occupation de notre village à la suite de découvertes de sépultures anciennes, vraisemblablement celtiques, de 18 squelettes rangés côte à côte, trouvés en 1842 au lieu-dit « Le Rosier ». 
Le 15 janvier 1872, nouvelle découverte de sépulture à 240 mètres de là, puis en 1873, d’autres encore dans le même terrain. Ā 1 200 mètres au nord-est du château de Bellinglise, on trouve en 1861 un sarcophage en pierre de l’époque gallo-romaine. En 1875, au lieu-dit « Le Jonquoy », non loin de Marest sur Matz, un ouvrier découvre à 1,60m sous terre, un chapiteau de pierre parfaitement conservé étant, vraisemblablement, un vestige de l’ancienne église Sainte Marie aujourd’hui disparue.

Aquinilicurtis est le second nom connu d’Elincourt mentionné, pour la première fois en 922.

Du latin « aqua », l’eau, ou « aquila », l’aigle : le doute est permis. « Aqua » au pays des sources paraît vraisemblable, mais
« aquila » n’est pas impossible, la région faisant partie du domaine des empereurs lors de l’occupation romaine.


Le 29 juillet de l’an 922, le Roi Charles III, dit « le simple », sépara Elincourt du domaine royal et le donna aux religieux de St Corneille à Compiègne avec la chapelle Ste Marguerite, église datant du VI° ou VII° siècle. C’est au même emplacement que fut édifiée l’église actuelle en 1127. Deux seigneurs du pays, Bernard de Marigny et André de Dives sont considérés comme les fondateurs de cette église.

En 1746, un incendie détruisit le clocher qui en s’effondrant vint écraser la nef et le transept sud qui furent complètement démolis. Aimé Peyrecave fait état de 45 maisons voisines qui furent brulées. Les parties de l’église détruites furent reconstruites vers 1755. Un autre incendie en 1838 détruisit cinq maisons dans la rue du Rhône et fit une victime, François Monchy, un homme de 74 ans. Les 15 et 29 avril suivant, quatre autres maisons furent incendiées volontairement.


Au milieu de la rue de la Maladrerie, on peut voir une colonne surmontée d’une croix indiquant l’endroit où se trouvait l’entrée de la maladrerie fondée au début du XIII° siècle et qui fut détruite à une date indéterminée, un plan de 1753 ne la mentionnant plus.

Des fouilles entreprises en 1860 à l’initiative de François Alexandre Barrillon, député maire d’Élincourt, mirent à jour les restes du château de Beauvoir après la montagne Gérémy non loin de la route menant à l’Écouvillon. Ce manoir est déjà signalé dans un acte de 1276 comme appartenant à Raous Flamens, sire de Kauni, seigneur de Varesnes de Canny, Morlaincourt et autres lieux.

Au début du XV° siècle, le manoir appartenait à un familier du Duc de Bourgogne qui menait une lutte acharnée contre la France avec les anglais pour alliés.


Après sa capture en mai 1430 à Compiègne, Jeanne d’Arc aurait été amenée par Jehan de Luxembourg et enfermée au château de Beauvoir. Le choix de ce château s’explique par le fait que les bourguignons et leurs alliés anglais, soucieux de garder la prisonnière en lieu sûr, le choisirent parce qu’il était sur la rive droite de l’Oise, entièrement en leurs mains. Il a été dit qu’elle aurait été détenue au château de Bellinglise, ce qui n’est pas possible, puisqu’il n’existait pas en tant que tel à l’époque.

Le château de Bellinglise fut habité par des seigneurs de ce nom. C’était un fief relevant de la seigneurie de Coudun. En 1759, Louis XV concéda le titre de marquis à Antoine-Constant de Hamel de Bellinglise.

Ce château fut acheté par Pierre Margantin, un riche notaire parisien, en 1791. On peut penser que le château a fait partie des biens nationaux confisqués aux nobles ou à l’Église au moment de la Révolution.


Pierre Margantin fut maire d’Elincourt, une première fois de 1799 à 1804, puis de 1809 à 1820.

Sa fille Constance Chrétienne épousa Antoine Vicomte de Héricourt qui lui, fut maire de notre commune, brièvement, entre 1808 et 1809. Les deux grandes figures qui ce sont succédées à la mairie de notre commun,e sont François Alexandre Barrillon et son gendre François Ernest Collart-Dutilleu, qui prit sa place à sa mort en 1871.

Barrillon fut député de l’Oise. Il tenait sa fortune de son père, négociant esclavagiste planteur de canne à sucre à St Domingue avant la Révolution, puis banquier à Paris, membre des « Négociants réunis », un groupement de sociétés et de banquiers français qui se constitua, entre 1799 et 1806, pour devenir les fournisseurs de capitaux au régime mis en place par Bonaparte.

Barrillon fils, épousa la petite fille de Margantin, et Collart-Dutilleul épousa la fille de Barrillon.

Collart-Dutilleul, Conseiller général, député, fut ministre des finances pendant trois semaines du 23/11/1877 au 12/12/1877 dans l’éphémère gouvernement de Gaétan de Rochebouët, et Président de la Banque de Paris et des Pays Bas de 1877 à 1894. Adolphe Thiers le fit Grand Officier de la Légion d’Honneur en 1873 pour le rôle important qu’il eut dans la réussite de l'emprunt de la libération émis après la guerre de 1870. Il est vraisemblable que Collart-Dutilleul passa plus de temps dans sa résidence parisienne que dans son château de Bellinglise.


La guerre de 14/18 laissa notre commune passablement démolie par les bombardements. La ligne de front était toute proche. Les premiers combats eurent lieu le 16 septembre 1914 à l’Ecouvillon et aussi sur le plateau St Claude. La guerre de tranchées s’installa juste après, l’Ecouvillon étant français alors que quelques dizaines de mètres plus loin, sur Thiescourt, les tranchées étaient allemandes.

De l’autre côté, c’est sur Plessier de Roy et Lassigny que le face à face dura jusqu’en mars 1917, quand les Allemands, dans le plus grand secret, se replièrent sur la ligne Hindenburg, base de défense de 160 km entre Lens et Soissons. A partir de là, une grande contre-attaque allemande eut lieu en mars/avril 1918, qui ramena le théâtre des opérations au même endroit qu’en 1917.

Le 9 juin 1918, nouvelle attaque allemande de grande envergure, précédée de très violents bombardements. Pour la première fois Élincourt est occupé par l’ennemi qui prend Marest sur Matz, la ligne de front s’établissant entre Marest et Villers sur Coudun.

En août, contre-offensive française qui libère la commune et emporte nos armées vers la victoire finale. Au tout début septembre, il n’y a plus un soldat allemand dans l’Oise...


Par cette brève rétrospective, non exhaustive bien sûr, on voit qu’Élincourt a côtoyé de près l’Histoire de France, celle qui s’écrit chaque jour, que ce soit dans le sang, la sueur ou la joie...


Synthèse aimablement rédigée par Dominique Bordereaux, conseiller municipal.


Quelques mots sur l'auteur de la monographie que vous pouvez découvrir en intégralité en cliquant ici


Jean Auguste Aimé PEYRECAVE est né le 21 décembre 1809 à Compiègne. En 1837, le 25 janvier, il épouse Aurore Zélie GOULLET, native d’Élincourt, devant le Maire en place, à l’époque dans cette commune Jacques DEFRENOIS. Son acte de mariage le décrit comme horloger bijoutier à Compiègne.

Important propriétaire, en 1856, on le trouve membre du Conseil Municipal parmi les 12 plus imposés de la commune. Il décède le 11 novembre 1896 chez lui, rue des Fontaines. Membre titulaire de la Société historique de Compiègne, sa passion de l’archéologie l’a amené à écrire une monographie sur notre village. 



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